L’année dernière, je suis partie deux semaines à Kyoto pour découvrir l’art des estampes japonaises, appelées Mokuhanga. Cette première expérience en gravure m’a énormément plu, et surtout donné envie de creuser davantage ce vaste univers.
J’avais déjà croisé sur Instagram de magnifiques œuvres en etching, et vu des gravures dans plusieurs musées, mais sans vraiment comprendre le processus qui se cache derrière.
Dans cet article, je vous partage mes découvertes autour de la gravure taille-douce, de l’eau-forte, de l’aquatinte, ainsi que les différentes étapes nécessaires pour réaliser une impression.
Pour me lancer, je me suis offert un stage de 5 jours auprès d’Alban Dreyssé, artiste graveur passionné, dans son atelier Imago à Strasbourg.
Le choix de Strasbourg n’était pas anodin : cette ville est chère à mon cœur. J’y passais mes étés et les fêtes de Noël chez ma grande-tante Marie-Louise. C’est donc avec beaucoup d’émotion que j’y suis retournée le temps d’une semaine.
La gravure taille-douce permet une grande liberté dans le choix du sujet. Pour ce premier essai, j’ai choisi un insecte que j’adore : le lucane cerf-volant (Lucanus cervus).
Côté style, je le voulais réaliste, fin et délicat, avec des hachures, des traits nets et quelques points.
J’esquisse d’abord mon dessin sur du papier calque, afin de le transférer ensuite sur la plaque.
Pour cette première plaque, je combine eau-forte et pointe-sèche.
L’eau-forte consiste à plonger une plaque vernie dans un bain d’acide. Là où le vernis a été gratté, l’acide mord le métal. Plus la morsure est longue, plus elle est profonde — donc plus le noir sera intense à l’impression.
J’ai utilisé une plaque de zinc, mais il est aussi possible de travailler sur cuivre, ou encore sur Ragolan (plexiglas).
Étapes techniques :
1. Découpe et protection du dos : avec du scotch.
2. Polissage :
3.Dégraissage : avec de l’acétone et/ou de l’alcool à brûler.
4. Application du vernis à graver.
Une fois mon dessin transféré, je commence à graver avec une pointe sèche. C’est un outil très précis et agréable à utiliser. Une pression légère suffit à retirer le vernis.
Je commence par dessiner les zones les plus sombres, celles qui seront les plus exposées au mordant.
La plaque part pour un premier bain d’acide : 20 minutes pour creuser les noirs profonds.
Ensuite, je retravaille la plaque : j’ajoute des traits plus clairs, et je replonge la plaque dans le bain, mais pour un temps plus court. On répète ainsi l’opération plusieurs fois, en jouant avec les temps de morsure pour créer des nuances.
Une fois les étapes de gravure terminées, je nettoie la plaque et passe à l’encrage.
L’encre est appliquée sur toute la surface, puis je la retire progressivement avec :
C’est une étape qui demande beaucoup de patience, de méthode, et de sens du détail.
La plaque est prête, la presse aussi !
J’humidifie ma feuille (papier spécial gravure), je la dispose sur la plaque, et je lance le tirage : un petit effort physique pour faire tourner le rouleau et faire passer l’ensemble sous pression.
Ce premier tirage d’état me permet de voir les ajustements à faire, soit sur la plaque, soit sur l’encrage.
Une fois satisfaite du résultat, je termine par le chanfrein : j’adoucis les bords de la plaque à la lime pour un rendu plus propre et professionnel. Je retire le scotch, je nettoie tout… et admire le résultat.
J’ai vraiment adoré la combinaison pointe-sèche + eau-forte.
Ce qui m’a fascinée, c’est que contrairement au dessin classique (où l’on part souvent du clair pour aller vers le sombre), ici c’est l’inverse : on grave d’abord les zones les plus noires, puis on va vers les valeurs plus claires en diminuant le temps de morsure.
C’est un véritable jeu d’équilibre entre intention, patience et imprévu.
Je ressors de ce stage comblée : j’y ai découvert plusieurs techniques de gravure taille-douce, combiné l’eau-forte, l’aquatinte, la pointe-sèche… et même un tout premier test de manière noire.
J’ai très envie de continuer à explorer cet univers et je compte bien m’inscrire à d’autres stages prochainement.
J’ai également rédigé deux autres articles pour partager le reste de mon stage :
Pour celles et ceux qui aimeraient tenter l’aventure, je vous recommande chaudement l’atelier d’Alban à Strasbourg :
Atelier Imago, imprimerie & éditeur d’art, cours de gravure et d’estampe, et sur Instagram.
Inscrivez-vous afin de recevoir les dates des prochains cours et stage, mes dernières actualités et quelques doses d’inspiration !
@ Copyright 2025 • Tous droits réservés • Mentions légales
Une réponse
Magnifique
Une très belle expérience
Résultats splendides